Une photo, quelques mots…#4

C’est devenu une sorte de rituel. Probablement aussi pour exorciser certaines choses. Je me demande maintenant si je pourrais m’en passer ?

Chaque semaine Bricabook propose une photo et à nous de raconter une histoire autour. Avec à nouveau une photo du talentueux Julien Ribot.

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Cela fait maintenant 4 ans. Lorsque la date « anniversaire » approche, c’est toujours difficile pour ton père et moi. Malgré le temps qui passe, malgré ce que nos proches, les médecins, les inconnus nous ont dit. Alors cette année nous avons décidé de ne pas rester chez nous en cette période difficile, nous avons choisi de partir loin.

J’ai dit que c’était difficile? Horrible conviendrait peut être mieux. Ou inimaginable peut être ? Je ne sais pas.

Tant de questions qui m’assaillent à nouveau alors qu’accouder au bastingage, je regarde les flots tumultueux. Les yeux perdus dans les vagues, perdus dans le vague.

Je jette un coup d’œil à cette chaise esseulée baignée dans une douce lumière. Et je me demande. Où es-tu maintenant ? Es-tu seule ? As-tu peur parfois ? Y a-t-il quelqu’un pour te consoler et te rassurer ? Est-ce que l’on te manque ?… J’ai le cœur serré, parfois j’ai l’impression qu’il va exploser de douleur, que jamais je n’y arriverai. Et puis je réalise que 4 années sont passées. Déjà 4 années, seulement 4 années, comment affronter toutes les autres qui se profilent sans toi ? Comment a-t-on fait jusque là ?

Je sens mes yeux s’emplir de larmes. Je me force à respirer lentement. Mes mains serrant la rambarde au delà du supportable. La douleur de ta perte sera sans doute éternelle et au delà de ce qu’il est possible d’exprimer avec des mots. Mais le temps a continué à s’écouler. Envers et contre tout. Et nous sommes toujours ensemble. Malgré toutes les épreuves. Même si tu nous manques chaque jour. Pas moins qu’hier. Ni forcément plus que demain. Juste, tu nous manques.

J’entends sa voix s’approcher alors qu’il explique à ton grand frère comment fonctionne le bateau. J’entends ton frère pousser des cris émerveillés. Je sens sa petite main attraper ma jambe et la serrer fort. Et je sens les bras aimants de ton père m’entourer et me serrer. Mes doigts se font moins crispés sur la rambarde.

Je regarde à nouveau cette chaise et je n’y vois plus la tristesse de la solitude mais juste la lumière. Une belle et douce lumière, comme un peu de douceur que tu m’envoies. Où que tu sois.

 

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2 commentaires pour Une photo, quelques mots…#4

  1. C’est magnifique, Eminou… A la fois triste et lumineux.
    ❤ ❤ ❤

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